mardi 26 août 2014

Noël Dieuaide


Noël Dieuaide est le premier Clermontois Mort pour la France, le 28 août 1914.
Ce tout jeune homme était né le 25 décembre 1893, dans la petite maison familiale, celle où vit aujourd'hui Aurélie Foueytille. On dit que c'est "au bourg" mais à l'époque, on disait "le Bost". Son père s'appelait Jean, sa mère Jeanne Elier. Le couple eut 7 enfants, dont Zélia (Zélie Foueytille, épicière) qui reprendra avec son mari la maison et la fera agrandir.
Le jeune Noël, de la classe 13, avait été appelé sous les drapeaux pour une durée de 3 ans. Il était au 78° RI. Son régiment, ainsi que toute la 23ème division d'infanterie, avait été dirigé vers la frontière belge afin d'empêcher la progression de l'armée allemande. Mais il avait fallu battre en retraite le 22 août. Le 27 août, le régiment était à Raucourt et le 28, il fut engagé dans un violent combat, face aux mitrailleuses ennemies. Les pertes furent très sérieuses : 21 officiers, 48 sous-officiers, 835 caporaux et soldats.
Noël Dieuaide est porté disparu puis reconnu Mort pour la France par jugement du 22 octobre 1920. Il repose à la nécropole nationale de Sedan-Torcy (sépulture 445). 






lundi 11 août 2014

La mobilisation

Dans le livre Jules Matrat (du nom du héros, paysan dans la région de Saint-Etienne), Charles Exbrayat raconte la journée du 3 août 1914.

Les Matrat ramassaient le foin juste derrière leur ferme. Le soleil de midi tapait dur. Jules avait enlevé sa chemise et, torse nu, jetait de lourdes fourchées au Tonin qui, debout sur la voiture, les répartissait. Le char rempli, les deux hommes unirent leurs efforts afin de tendre la corde qui maintenait le chargement, et Jules passa devant les boeufs pour les faire avancer...
 ... En les entendant venir, la Guite apparut sur le seuil.
_ C'est quasiment prêt les hommes, je fais l'omelette...
... La Guite finissait de garnir les assiettes lorsqu'on entendit marcher dehors et que Turc, le chien, se dressa en grognant, le poil hérissé. On frappa à la porte que Jules avait refermée à cause du soleil. La mère cria d'entrer, et Tonin dut retenir la bête au moment où les gendarmes pénétraient dans la maison. Les Matrat étaient tellement étonnés de les voir, ceux-à, qu'aucun ne pensa à leur souhaiter le bonjour.
_ C'est bien ici chez Jules Matrat, cultivateur ?
Tonin se mit à rire.
_ Alors, Honoré, c'est-y que tu me connaîtrais plus ?
Le gendarme rougit.
_ J' suis pas en promenade, Matrat, et pour l'amitié, c'est pas le moment... Si j'interroge, c'est que c'est le règlement... et il me semble qu'on ne m'a pas répondu ?
Jules se leva :
_ Je suis là...
Le brigadier lui tendit un livret et une feuille de papier.
_ Votre nouveau fascicule de mobilisation... Signez ici...

Déjà les gendarmes atteignaient la porte lorsque la mère les rappela.
_ Dites, ce que vous avez apporté à mon garçon, et que vous lui avez fait signer, sans lui donner le temps de lire, c'est pour quoi ?
_ Son livret militaire... comme qui dirait une sorte de livret de mariage avec l'armée française !
Le gendarme était assez content de lui, mais la Guite n'était pas d'humeur à apprécier l'ironie.
_ Jules, il en a fini avec l'armée ! Il a plus l'âge !
_ Madame Matrat, quand la patrie est en danger, elle a besoin de tous ses enfants !
_ Et ça veut dire quoi, ça ?
_ Que votre fils sera de ceux qui nous vengeront, qui vengeront nos pères, de ceux qui reprendront l'Alsace et la Lorraine, quoi !



samedi 2 août 2014

Le chant du départ

Plus qu’un esprit guerrier, un esprit républicain animait nos  soldats, poussés au départ contre l’ennemi par toute une société avide de liberté, d'égalité et de fraternité. Le Chant du Départ nourrissait l’idéal et donc  le courage de nos aïeux de 1914.  « La fleur au fusil » rapporte la tradition, ils le reprenaient en chœur, en marchant vers leur premier affrontement. En 1794, sur des paroles du frère d’André Chénier, Méhul avait posé des rythmes martiaux, qui ont longuement entretenu l’enthousiasme et l’esprit patriote des républicains.

Un député du peuple

La victoire en chantant nous ouvre la barrière.
La Liberté guide nos pas.
Et du nord au midi, la trompette guerrière
A sonné l'heure des combats.
Tremblez, ennemis de la France,
Rois ivres de sang et d'orgueil !
Le Peuple souverain s'avance ;
Tyrans descendez au cercueil.

Chant des guerriers (Refrain)


La République nous appelle

Sachons vaincre ou sachons périr

Un Français doit vivre pour elle

Pour elle un Français doit mourir.

Une mère de famille
De nos yeux maternels ne craignez pas les larmes :
Loin de nous de lâches douleurs !
Nous devons triompher quand vous prenez les armes :
C'est aux rois à verser des pleurs.
Nous vous avons donné la vie,
Guerriers, elle n'est plus à vous ;
Tous vos jours sont à la Patrie :
Elle est votre mère avant nous.
(Refrain)

Deux vieillards
Que le fer paternel arme la main des braves ;
Songez à nous au champ de Mars ;
Consacrez dans le sang des rois et des esclaves
Le fer béni par vos vieillards ;
Et, rapportant sous la chaumière
Des blessures et des vertus,
Venez fermer notre paupière
Quand les tyrans ne seront plus.
(Refrain)

Un enfant
De Bara, de Viala le sort nous fait envie ;
Ils sont morts, mais ils ont vaincu.
Le lâche accablé d'ans n'a point connu la vie :
Qui meurt pour le peuple a vécu.
Vous êtes vaillants, nous le sommes :
Guidez-nous contre les tyrans ;
Les républicains sont des hommes,
Les esclaves sont des enfants.
(Refrain)

Une épouse
Partez, vaillants époux ; les combats sont vos fêtes ;
Partez, modèles des guerriers ;
Nous cueillerons des fleurs pour en ceindre vos têtes :
Nos mains tresseront vos lauriers.
Et, si le temple de mémoire
S'ouvrait à vos mânes vainqueurs,
Nos voix chanteront votre gloire,
Nos flancs porteront vos vengeurs.
(Refrain)

Une jeune fille
Et nous, sœurs des héros, nous qui de l'hyménée
Ignorons les aimables nœuds ;
Si, pour s'unir un jour à notre destinée,
Les citoyens forment des vœux,
Qu'ils reviennent dans nos murailles
Beaux de gloire et de liberté,
Et que leur sang, dans les batailles,
Ait coulé pour l'égalité.
(Refrain)

Trois guerriers
Sur le fer devant Dieu, nous jurons à nos pères,
À nos épouses, à nos sœurs,
À nos représentants, à nos fils, à nos mères,
D'anéantir les oppresseurs :
En tous lieux, dans la nuit profonde,
Plongeant l'infâme royauté,
Les Français donneront au monde
Et la paix et la liberté.
(Refrain)